A good day to die hard

Publié le par Pablo Choffat

Que t’ont-ils fait, MacClane?

 

De John Moore | Action

 

A Good Day to Die Hard: dans le cinquième volet de la série d’action, John MacClane, le flic de New York le moins chanceux de la terre, part en Russie à la recherche son fils. Comme à son habitude, notre héros se retrouve aux prises avec de dangereux criminels. Aux côtés de son fils, il fera tout pour survivre.

 

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. A l’intérieur, une chaise, sur la chaise, un cadavre, sur le cadavre, un bonnet de noël et un gros pull, et sur ce dernier, en lettres de sang: «Now I have a machine gun, ho ho ho!»

 

Il l’a prouvé et démontré à maintes reprises: John MacClane – campé par un infatiguable Bruce Willis dans la série des Die Hard – a de l’humour, est efficace et attachant. Seul contre tous, il tue les méchants et bien que constamment dépassé par les événements dans lesquels il est précipité sans le vouloir, parvient toujours à s’en sortir. C’est là la base de la recette Die Hard, réalisée pour la première fois par John McTiernan en 1988. La sauce a pris et a fait ses preuves, puisque les quatre premiers opus de la série respectaient jusque là deux règles-clés, véritable fil rouge entre les films.

A good day to die hard

Premièrement ingrédient, le huis-clos: les Die Hard enferment leur anti-héros dans un lieu plus ou moins étendu, dans lequel il se débattra seul contre tous. Le premier place son action dans un building, le deuxième dans un aéroport, le troisième dans une ville et la quatrième, dans le pays tout entier. MacClane, qui ne peut s’enfuir, est obligé de combattre pour survivre et ce faisant, parvient à sauver in extremis la situation.

Second ingrédient, l’humour. Car John MacClane, tout en se faisant massacrer par des tonnes d’adversaire, réussit entre deux salves de feu à balancer des tonnes de vannes qui font mouche. Un humour pas très fin certes, testostéroné à bloc, mais qui fait la griffe franchise de la série par son efficacité et sa bonhommie.

Voilà ce qu’un film estampillé Die Hard respectait, jusque là.Et cela, quand bien même le deuxième et le quatrième n’atteignaient pas l’excellence des numéros 1 et 3. 

      

Les fans de la première heure, qui avaient déjà vu la série perdre quelques plumes avec le plutôt faiblard 4.0, s’attendaient dès lors à un divertissement à gros budget, rythmé d’explosion et tirs nourris entrecoupés par des dialogues bien sentis.

Hélas, A Good Day to Die Hard prend des airs de chant du cygne: tout comme la Russie en un sièce de communisme, la franchise meurt en brûlant dans un odieux autodafé tout ce qui faisait sa personnalité. Exit l’humour, exit le scénario, exit toute originalité.


Prenons les deux règles scénaristiques mentionnées plus haut, véritable moëlle épinière de la série : elles ne sont plus respectées. Placer l’action en Russie, ou plutôt en «ex-URSS», n’était pas une mauvaise idée en soit. A condition que cette localisation ait un sens au niveau scénaristique, ce qui est loin d’être le cas ici. (Et nous ne nous attarderons pas sur la vision stéréotypique de la Russie colportée dans le film, tout comme la méconnaissance de la géographie la plus élémentaire,  notamment dans l’estimation des distances entre deux lieux.)

Côté humour, MacClane semble avoir épuisé ses dernières vannes durant l’épisode 4.0. Comme lobotomisé, il répète inlassablement la même blague, déjà plate à sa première occurence : «Je suis en vacances…» Alors que ses interventions comiques se comptent sur les doigts de la main. Bruce Willis tente bien un «Yeepekaya mother fucker» peu motivé, mais le cœur n’y est pas. Chez le spectateur non plus, qui se dit juste: «Dieu que c’est pas drôle».


Tout ceci pourrait malgré tout donner un film d’action lambda divertissant, dont on dirait: «C’est sympa, même si c’est plus du Die Hard». Eh bien non! Le scénario est tellement brouillon que l’on est obligé de deviner l’intrigue. On en viendrait à suspecter qu’une bobine contenant des scènes où l’intrigue se développe un peu, n’est jamais arrivé sur la table du monteur. Ce dernier semble en outre être parti en congé sabbatique d’une demi-vie, laissant le soin à son animal de compagnie d’assembler le film à sa place.

Dernier outrage pour un long-métrage visant à nous divertir: on en vient à s’ennuyer, oubliant les scènes au fur et à mesure que la projection avance, et on en sort quasi amnésique. Avec l’atroce sentiment d’avoir gâché deux heures de nos vies. Au moment d’aller voir cette horreur, mettez une cravate. Die Hard est mort, paix à son âme.

Publié dans Critiques

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