Welcome to the best Marigold Hotel

Publié le par pablo choffat

Vieux ? Qui est vieux ici ?

Une comédie dramatique de John Madden. Date de sortie: 9 mai 2012
Un groupe de retraités britanniques se rend en Inde pour différentes raisons personnelles. Persuadés de n’avoir plus rien à vivre et qu’ils pourront terminer leur vie en paix, ils apprendront à leurs dépens que rien n’est jamais fini.

« Mourir, la belle affaire, mais vieillir, oh vieillir ». Brel se lamente et avec lui une pléthore d’anciens et de futurs anciens craignent la décrépitude avancée, les tremblements incontrôlables de l’âge et la dégradation de leurs corps navrants.



                             
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La jeunesse est-elle si éphémère qu’elle doit se faner avec la chair ? Cette pensée devient de plus en plus discutable, et de nombreux exemples s’offrent quotidiennement à nous, nous rappelant que le siège de la jeunesse n’est certainement pas notre écorce rugueuse et sans atours, mais qu’il réside en nos têtes et que lui seul nous permet de vaincre le temps et ses ravages.

Le film The Best Exotic Marigold Hotel, que nous appellerons Indian Hotel, son nom français, par confort, est l’illustration même de cette idée que les années passées sur la terre n’ont que peu d’importance.

Chaque personnage vit à sa manière et avec sa propre expérience, l’arrivée du moment fatidique où la société vous considère comme étant « vieux » : il y a d’abord Evelyn (Judi Dench), une femme au foyer dont le mari est décédé avant de payer ses dettes ; esseulée, sa maison vendue pour rembourser les créanciers de son époux, elle décide de se rendre en Inde pour retrouver une raison d’exister tout en tenant un blog pour informer sa famille restée en Angleterre.

Ensuite vient le couple formé par Douglas (Bill Nighy) et Jean (Penelope Wilton), ayant accepté de prêter de l’argent à leur fille pour lui permettre de lancer une startup qui maintenant bat de l’aile. Ils sont sans le sou et préfèrent fuir plutôt que de se voir garer dans un pavillon/mouroir gris et sans grâce. 

Puis il y a Graham (Tom Wilkinson), un juge qui, d’un coup de tête, repart en Inde où il a laissé non seulement son enfance, mais aussi quelque chose d’encore plus précieux.

Viennent ensuite Madge (Celia Imrie) et Norman (Ronald Pickup) ; Madge a eu plusieurs maris et est une croqueuse de mâles que le temps indispose dans son passe-temps favori, à savoir la chasse à l’homme fortuné. Norman, quant à lui, est à la recherche de l’étreinte d’une dame qui le ramènerait à sa prime jeunesse. Tous deux décident de partir en Inde dans le but de retrouver un troisième souffle.


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Et finalement Muriel (Maggie Smith) a besoin d’une greffe de hanche, hélas les listes d’attente pour ces opérations sont pleines dans tous les hôpitaux d’Angleterre. La seule chance pour elle d’obtenir un nouveau flanc est d’aller se faire opérer en Inde. Raciste comme un ancien général nazi, Muriel voit son monde s’écrouler et part en s’éloignant de son univers de biscuits et de « pickles ».

Tout ce petit monde part donc pour les Indes et choisit comme lieu d’atterrissage le même hôtel. Ce dernier leur a été vendu comme un endroit de rêve superbe et reluisant. Mais Photoshop ayant joué son rôle, la résidence s’avère vétuste et « en travaux ».  La première colère passée, ce groupe éclectique va reprendre goût à la vie et découvrir que même si l’on vieillit, on n’a jamais fini d’exister.

Ainsi certains s’adapteront alors que d’autres n’auront qu’une envie, repartir. Ces derniers doivent bien évidemment attendre que le gérant, un jeune Indien idéaliste amoureux, mais pas très pratique, soit en mesure de les rembourser. 

Comme on peut le constater, ce film est soutenu par une pléthore d’acteurs tous plus talentueux les uns que les autres. Le casting est absolument fantastique et l’on ne saurait rêver mieux. Leur prestation est à la hauteur et ils sont criants de vérité dans leurs rôles d’Anglais un peu coincés qui, au fur et à mesure de leurs expériences indiennes, se détendent et reprennent goût à la vie

Le spectateur est emmené avec eux dans ce nouveau monde plein de couleur et de vie. Il ne peut que rire devant l’absurde de certaines scènes en se disant qu’il ne ferait certainement pas mieux. Entre deux rires, Indian Hotel nous ménage quelques plages dramatiques qui arrivent sans peine à nous arracher une petite larme sans tomber dans la surenchère.

Malgré ses qualités indéniables, on peut reprocher au film d’accumuler les coïncidences un peu trop aisément sans pour autant prendre l’aspect d’un conte qui justifierait ces conjonctures. 

Cette œuvre est un véritable plaisir autant en termes d’acteurs que de caméra et laissera cette petite lueur de rêve éveillé dans les yeux du spectateur heureux qui sortira de la salle avec petit sourire. À recommander aux plus anciens comme aux plus jeunes, un film qui nous rappelle que même si la vie est courte il faut la vivre jusqu’au bout, et que rien n’est acquis.

 

Publié dans Critiques

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