Le Prénom

Publié le par pablo choffat

Et toi ? C’est quoi ton prénom ?

Une comédie de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Date de sortie: 25 avril 2012

Lors d’un repas de famille, les convives débattent du futur prénom de l’enfant qui va bientôt naître. Le débat s’échauffe rapidement et la conversation légère vire à l’orage.

« Comment tu t’appelles ? ». Que ce soit le dragueur mal avisé ou le petit garçon qui s’adresse à un nouveau copain de bac à sable, tous finissent par poser cette question récurrente et universelle.

 

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La question est beaucoup plus problématique qu’elle n’y paraît : en effet, si l’on porte le doux prénom de Natacha, Kevin, Pierre, David, John, Marie, Léa ou encore Julie, aucun problème. Mais si l’on se dénomme Myrtille, Albertine, Adrianne (depuisRocky c’est interdit)  Alphonse, Appolain, Anatole, Taz, la question devient un véritable calvaire : l’enfant est prédestiné aux moqueries les plus mesquines, et l’atroce dragueur trouvera une rime grotesque à faire.

Les parents sont les grands coupables de ces infâmies. Le pire, c’est que certains sont capables de soutenir mordicus avoir médité, prémédité ces prénoms et considèrent que l’on doit en être fier.

Le film Le Prénom, tiré de la pièce éponyme, c’est une histoire de parents, ou plutôt de futurs parents. Avant de l’être, ils retrouvent famille et amis très proches, si proches, pour un repas. Ils ont grandi ensemble, ils vieillissent ensemble. C’est un de ces repas qui commencent tranquillement, dans la bonne humeur, tout le monde retrouvant les autres avec leurs petits défauts qui font tant dans la personnalité d’un ami. 

Il y a tout d’abord Vincent (Patrick Bruel) le quarantenaire bientôt père, grande gueule toujours ouverte, il ne sait jamais quand s’arrêter. Sa femme, Anna (Judith El Zein) travaille tard, fume et est enceinte jusqu’aux oreilles. 

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Ils se rendent chez Elizabeth A.K.A Babou (Valérie Benguigui), une prof de lycée, mère de deux enfants, dont le père, Pierre (Charles Berling), est lui aussi professeur, mais dans une université pleine de prestige. L’ami de la famille, Claude (Guillaume de Tonquédec) joueur de trombone, est aussi de la partie.

Tout ce petit monde qui semble s’apprécier va donc le temps d’une soirée en huis clos débattre et se battre : car une majeure partie de la nuit sera occupée à des révélations toutes plus destructrices et déstabilisantes les unes que les autres.

Le fond de ce film est relativement simple et a déjà été vu à maintes et maintes reprises : on prend un certain nombre de personnages ayant un lien entre eux que l’on réunit en un même lieu. On laisse une broutille déclencher des torrents de reproches et de désagréments pour tout le monde : pensez par exemple aux films tels que Le dîner de cons, Huit femmes, Carnage, etc.
De plus, les histoires de famille avec leur lot de cadavres dans le placard, ce n’est pas ce qui manque, que ce soit dans la réalité – voyez donc un miroir – ou au cinéma, prenez
 Citizen Kane ou un quelconque soap des années 80. Donc rien de bien neuf sous le soleil.

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Mais la forme est parfaitement maîtrisée et fait de ce film un bon film : le rythme est soutenu du début jusqu’à la fin grâce à des répliques qui cinglent d’un bout à l’autre de la pièce. Les personnages s’entre-déchirent, mais quelle délectation malsaine pour le spectateur que d’entendre autant de vannes, cyniques et parfois simplement méchantes.
Malgré un Patrick Bruel un peu agaçant, avec un rôle agaçant qui n’arrange rien, les acteurs savent qu’ils ne sont plus au théâtre et ne nous infligent pas des gesticulations grimaçantes ou des dictions insistantes, la transition se fait sans anicroche et l’on en oublie presque que l’on est en face d’une pièce de théâtre.

Ce repas des plus chaotiques ne peut que résonner dans l’esprit du spectateur qui a, dans une moindre mesure peut-être, vécu ce genre de situation. Et si l’on se rit de ces personnages, c’est aussi pour oublier à quel point nos propres conflits de famille sont eux aussi absurdes et enterrés.
Petit bémol concernant la fin quelque peu « happy end » qui nous rappelle qu’au cinéma comme en famille, peu importent les disputes, le plus important c’est l’amour.

Publié dans Critiques

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