American Pie 4: Reunion

Publié le par pablo choffat

Tu l'as vu ? Qui ? Mon cul !

Une comédie de Jon Hurvitz et Hayden Schlossberg. Date de sortie: 2 mai 2012

La bande de jeunes qui sévissait dans les films précédents a grandi. Ils se retrouvent le temps d’un weekend à l’occasion d’une réunion d’anciens du lycée, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Imaginez-vous : vous vous réveillez un matin et à mesure que vous émergez, un rock californien se fait lentement entendre. Vous sortez dans la rue et le rock vous sature les oreilles de sa batterie et de ses guitares. Autour de vous, toutes les femmes sont jeunes, ont un sourire d’une blancheur éclatante et une poitrine à la fois sautillante et parfaitement dessinée. Toutes ces dames sont évidemment portées sur l’alcool, la fête et le coït, oui, vous êtes dans American Pie… 

Hollywood a pris l’habitude, depuis 1999, de nous asséner à intervalle régulier une aberration cinématographique censée dérider les jeunes adolescents en mal de seins, de gags scatologiques et de sexe. La série American Pie n’est plus à présenter tant elle a fait d’émules, se répandant comme une lèpre bubonique dans tous les cinémas et laissant derrière elle d’horribles amas de pellicule que certains osent appeler films. 

Voilà qu’arrive le nouveau-né de cette idiotie sans fond. Il a été tristement nomméAmerican Pie 4 : Reunion. Attention, chers et chères lecteur-ice-s, ne vous laissez pas abuser par ce chiffre, si seulement il n’y en avait eu que quatre. C’est bel et bien le double qui nous a été proposé depuis la création de la série, la plupart étant si mauvais qu’ils ont sauté la case cinéma pour directement sortir en DVD. 

Sans pour autant entrer dans les détails scénaristiques navrants de cette succession de films qui fait des pieds et des mains pour nous faire croire qu’un nouveau scénario est écrit à chaque fois, il est bon de se rappeler la ligne conductrice de ces films : la bande de potes que forment Jim (Jason Biggs), Kevin (Thomas Ian Nicholas), Oz (Chris Klein), et Finch (Eddie Kaye Thomas) se fendent la poire en vivant des aventures basées sur la scatologie ou le sexe et ses dérivés, accompagnés d’un nombre conséquent de camarades satellites tel que Stifler (Seann William Scott), Michelle (Alyson Hannigan), Vicky (Tara Reid) et on en passe et des meilleurs. 

American Pie Reunion photo 

On peut comparer ces films aux livres de 1954 pour petites filles, tels « Martine », toujours les mêmes personnages, mais dans des activités différentes : « Martine a sa première expérience sexuelle », « Martine part en colonie », « Martine se marie », « Martine découvre le Kâmasûtra », etc. 

Cette équipe de joyeux drilles est dans ce quatrième opus maintenant arrivée à maturité, la vieillesse marquant leurs visages autrefois juvéniles. Ils ont des problèmes « d’adultes », ces problèmes étant une vie sexuelle complètement foirée à cause d’un enfant, un job pourri ou une relation basée sur le mensonge. 

Bref, il ne fait pas bon laisser filer la jeunesse, et à les voir on peut se demander si rester un adolescent insouciant avec un pénis, ou un vagin, en guise de cerveau n’est pas ce qu’il y a de mieux à faire. Une édification en règle de la maturité. 

Ils se retrouvent pour ce fameux weekend de réunion et là, magie, tous ces « adultes » recommencent leurs actions idiotes d’attardés, se mettant dans des situations absurdes et gênantes comme aux temps de leurs premières expériences, comme s’ils n’avaient rien appris. Le déroulement du film est le même que dans tous les autres : ils se rencontrent, boivent, font la fête avec des filles toutes visiblement peu frileuses et remaniées par le même chirurgien, ont des dialogues imbéciles sur leurs vies, se disputent avec une bande de mecs rivale – ce qui permet aux réalisateurs, ô combien inspirés, de placer un gag scatologique souligné par un bruitage grotesque – et pour finir, le happy end final marque la réconciliation et le coït de plusieurs couples. 

American Pie Reunion photo 2 

De nombreuses références aux productions précédentes ainsi qu’à la culture télévisuelle du moment viennent ponctuer ces frasques plus qu’insipides, faisant des clins d’œil à tire-larigot à ceux qui ont appris par cœur les autres navets. Les réalisateurs font encore une fois très fort en faisant du neuf avec du vieux, en réveillant les souvenirs de gauloiseries plus anciennes dans l’esprit du spectateur. Ou comment faire rire à moindres frais et sans imagination. Les acteurs, sans être médiocres, ne brillent pas par leur prestation. Teenage movie oblige, la bande-son aux consonances de rock californien sera très vite oubliée. 

On peut à juste titre se demander à qui s’adresse cette « œuvre ». À ceux qui, en 1999, ont découvert et aimé le premier American Pie ou aux jeunes d’aujourd’hui qui n’ont pas visionné les premiers opus ? Les premiers ont aujourd’hui certainement grandi et ont, pour la plupart, passé outre ce genre d’humour en dessous de la ceinture. Quant aux seconds, sous l’emprise de poussées d’hormones printanières, ils passeront à côté de pas mal d’idioties. 
Ce film est donc un navet sans intérêt, toute personne ayant dépassé le stade anal et ayant une vie sexuelle assumée sera consternée par autant de bêtise. On ne saurait que trop conseiller au spectateur qui aurait malgré tout décidé de voir cette apologie de l'imbécilité, de prendre avec lui un ou une second-e larron-e pour s’occuper les mains et pourquoi pas le reste, sans quoi il risque de s’ennuyer fermement. Hollywood nous prouve encore une fois qu’elle est capable du pire et illustre à merveille le fameux adage qui dit que : « Quand on est con, on est con ! ».

Publié dans Critiques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article